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Athéisme

Dernière mise à jour : 24 sept. 2022

L'athéisme suppose – afin de garder au moins une possibilité d'un commun entre les hommes – de faire une place considérable à la science comme partie la plus formalisée de la rationalité. Or si l'on veut appliquer avec sérieux la méthode scientifique aux phénomènes sociaux, on ne peut que conclure au potentiel éminemment totalitaire de cette idéologie.

Dans les grandes lignes, on peut dire que la méthode scientifique utilise de manière successive trois types de raisonnements. De l'observation du réel (la pomme de Newton), le scientifique infère ou abstrait un principe (ici la notion de gravitation). De ce principe, il construit par déduction une théorie essentiellement formalisée mathématiquement par des algorithmes et des équations (formule de la « loi » dite de Newton : F = G.m1.m2 / d2). Enfin par itérations (des expériences répétées et reproductibles), le scientifique valide sa théorie. Thomas Kuhn a montré par ailleurs comment cette « vérité » provisoire était ensuite abolie ou dépassée par une théorie nouvelle ; il a ainsi mis en évidence les différents stades des « révolutions scientifiques ».



Vous avez dit « sciences humaines » ?


Pour les sciences humaines – et tout particulièrement les sciences sociales – les étapes deux et trois posent problème. En effet, la mise en équation des comportements sociaux est un véritable défi que les sociologues n'ont surmonté qu'en partie grâce aux statistiques. Il y a toutefois un biais commun à toutes ces statistiques : c'est d'établir de façon plus ou moins radicale un lien causal en vertu de simples synchronicités. On peut obvier à cette difficulté en cherchant à découvrir, au-delà de la concomitance, le lien opératoire qui réunit les faits observés entre eux. C'est ce que nous tenterons de faire en observant l'athéisme non comme un choix philosophique personnel, mais comme un phénomène social et même politique.

La deuxième difficulté à laquelle se heurtent les sciences humaines, c'est la reproductibilité. En effet, dans les sciences dures, la validation de la théorie nécessite des conditions d'expériences extrêmement précises qui doivent être respectées avec le maximum de fidélité. Si l'on reprend la formule de Newton, la mesure de la valeur mesurée de la constante G fait l'objet de publications contradictoires encore aujourd'hui. Cela est dû, à l'impossibilité de s'affranchir réellement de la présence d'autres objets massifs comme les murs du laboratoire. Une très légère vibration du sol, provoquée par un micro séisme, par exemple, peut aussi compromettre la précision de la mesure.

Cette exigence de précision est presque impossible à réaliser dans les sciences humaines. Seules quelques expériences de psychologie de petits groupes ont pu permettre de dégager quelques constantes. Toutefois les plus célèbres d'entre elles (Milgram, Standford,...) font l'objet d'une remise en cause au sein même du milieu universitaire. Pour des groupes plus importants – et a fortiori pour des sociétés entières – on en est réduit à attendre qu'un nombre significatif d'événements permettent d'observer des régularités et d’essayer de découvrir les mécanismes à l’œuvre qui puissent rendre compte de ces régularités.



Des sociétés athées


Fort heureusement pour nous – et malheureusement pour ceux qui y ont vécu – l'histoire nous donne à observer des sociétés athées et de différents types. Il existe en effet des sociétés premières où la notion de Dieu est quasiment absente et où ce qui s'apparenterait le plus à une religion n'est qu'une superstition plus ou moins floue : on peut penser au Jivaros. Dans ce cas, par exemple, la société résultante relève d'une anarchie que tempère seulement les nécessités militaires d'une guerre permanente. La faible densité de population, le milieu dans lequel ces sociétés tribales évoluent rend ce modèle « in-exportable » et sur de nombreux points – en particulier la violence permanente– peu enviables. Qu'en est-il des sociétés « historiques » ?

Si l’irréligion est un phénomène ancien, il a été toujours socialement condamné, marginalisé et reconnu comme toxique. Par contre l’athéisme comme « valeur sociale » est un phénomène récent ! Il en va de même pour les sociétés sécularisées du type de celles dans lesquelles nous vivons où toute référence au sacré est effacée, voire combattue !

Sans rentrer dans l'analyse fouillée de ces différentes sociétés, ce qui nous sortirait du cadre de ce texte, on pourrait les classer en deux catégories : celles où l'athéisme est une doctrine officielle (ou presque) comme les sociétés communistes et celles qui évacuent progressivement toute référence à Dieu et à la réalité spirituelle, comme est devenue la nôtre après un séjour prolongé dans l'autre domaine ! On le voit bien avec l'exemple français, il s'agit en réalité d'une différence de degré et non de nature. Si l'état veut aller vite, il aura recours à la persécution physique comme l'Union Soviétique dans les années 20-30 ou l'Albanie d'après guerre, s'il considère la partie gagnée, il se contente de méthodes « douces », comme l'expropriation, liquidation culturelle – en particulier par l'école, les tracasseries judiciaires et administratives, les événements symboliques. Un rapide tour d'horizon montrera bien ces convergences récurrentes.

L'évolution de la politique anti-religieuse de la première république en France est parfaitement illustrative. Dans une première étape – la constitution civile du clergé – l'état entend fixer les règles d'organisation interne du culte, dans un deuxième temps il mène une campagne militaire féroce pour vaincre les résistances. Destruction de bâtiments et d’œuvres d'art sacrées, emprisonnement des réfractaires, puis exécutions de ceux-ci et finalement la Convention a organisé les massacres de Vendée, de Toulon, etc. . Puis le gouvernement fait parallèlement la promotion d'un culte artificiel de substitution et celle de l'athéisme pratique. Finalement la répression va se généraliser et on pouvait être guillotiné pour détention d'un chapelet ou d'un missel, comme « ennemi de la révolution », formule appelée à un grand avenir ! Pierre Chaunu pourra écrire : « La Révolution française a fait plus de morts en un mois au nom de l’athéisme que l’Inquisition au nom de Dieu pendant tout le Moyen-Âge et dans toute l’Europe ».

Ce n'était toutefois qu'un début timide, le communisme allait passer à l'échelle industrielle dès le début du 20e siècle ! Que ce soit en Russie dès 1917, dans toute l'Europe centrale, en Chine, en Albanie (Déclaré premier pays officiellement athée du monde en 1967) le même schéma répressif sera utilisé. Au Mexique la répression anti-religieuse – cette fois d'origine plutôt franc-maçonne – conduira à une longue et meurtrière répression qui conduira à la guerre civile.



Synchronicité ou causalité ?


On le voit, dans l'histoire moderne, aucune – aucune – société prônant l'athéisme n'a échappé au modèle de la révolution en France. Répression, déportation, massacres sont systématiquement les conséquences fatales de l'athéisme comme valeur sociale. Comme nous l'évoquions plus haut cela pourrait être dû à d'autres causes : menaces extérieures, subversion intérieure, etc. En réalité il s'agit bien d'un lien causal. Dans toute société organisée, la vie en commun est organisée autour de deux systèmes de normes : les lois et les mœurs. Si les lois sont impératives et fixées par le politique, les mœurs eux sont plus souples, peuvent connaître des variations géographiques au sein d'un même corps politique. Ils sont le résultat d'une sédimentation de valeurs, d'habitudes, de pratiques largement autonomes. La religion ou plus exactement la pratique religieuse joue un rôle fondamental dans ce processus de sédimentation. Il y a donc dans les sociétés libres deux instances qui n'ont ni la même source ni la même légitimité qui se font face. Des mœurs solides font ainsi résistance contre les tentatives de l’État, du gouvernement de s'introduire dans la sphère du privé, de dicter des conduites, de réprimer des écarts par rapport à la norme. Ainsi la destruction des religions conduit nécessairement le gouvernement à fixer arbitrairement les normes de comportement social des individus dans les domaines les plus intimes. Pris sous cet angle, les tendances prescriptives de la gauche sociétale en Occident sont extrêmement dangereuses. Une députée, récemment élue en France, propose sérieusement de verbaliser dans le couple le non-partage des tâches ménagères. Il faut passer au-delà du côté apparemment ubuesque de cette déclaration. Sa mise en œuvre pratique impliquerait un système d'enregistrement des faits et gestes de chacun, au quotidien, dans la sphère privée. Même Staline ou Mao Zedong, ne sont pas allés aussi loin.



Vers une société athée


Le lien causal est ainsi établi : plus de religion, plus d'institution prescriptive autre que l’État ; plus de mœurs, d'où une inflation législative et normative ; donc in fine une société totalitaire écrasant les libertés personnelles et collectives. Non seulement le lien causal est établi, mais l'histoire nous le confirme, exemple après exemple. La gauche sociétale est aujourd'hui entièrement dans cette filiation ; sa domination dans les médias et à l'université annonce des jours difficiles pour les libertés. Nous vivons une nouvelle vérification de notre modèle : plus les sociétés occidentales se sécularisent, deviennent concrètement athées, plus leurs tendances totalitaires s'accentuent. En peu d'années nous sommes passés ainsi du politiquement correct -instrument déjà puissant visant à l’autocensure – à la « cancel culture » qui a toutes les caractéristiques des tentatives marxistes de destruction de « l'ordre bourgeois ». Le parallèle est saisissant entre l'iconoclasme des révolutions en France et en Russie et le déboulonnage de statues de personnages historiques « problématiques » par le mouvement BLM !

La même députée française, citée plus haut, parle d'ailleurs explicitement, sans provoquer la moindre réaction, d'une nécessaire « révolution culturelle ». Il n'est pas inutile rappeler le bilan de la dernière opération de ce genre dite « grande révolution culturelle prolétarienne » : plusieurs millions de morts, suivant les meilleures estimations.

Cette évolution mortifère n'est pas une surprise. Voici comment un athée militant, Bertrand Russell, décrivait sa société idéale dans The Scientific Outlook (1931) :

« Les gouvernants scientifiques fourniront un type d’éducation aux hommes et aux femmes ordinaires et un autre à ceux qui doivent devenir les détenteurs du pouvoir scientifique. Les hommes et les femmes ordinaires devront être dociles, travailleurs, ponctuels, insouciants et satisfaits. Parmi ces qualités, le contentement sera probablement considéré comme la plus importante ; tous les garçons et les filles apprendront dès leur plus jeune âge à être ce que l’on appelle coopératifs, c’est-à-dire à faire exactement ce que font les autres. L’initiative sera découragée chez ces enfants, et l’insubordination, sans être punie, sera scientifiquement éliminée d’eux ».

Voilà une belle illustration de la « libération de l’obscurantisme » promise par les athées !

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