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La politique étrangère française

Dernière mise à jour : 7 déc. 2022

Pour évoquer le contexte de la citation ci-dessous, il faut rappeler brièvement les deux événements auxquels l'auteur fait référence: Fachoda et Tanger. Il s'agit de deux crises internationales qui furent proches de nous entraîner dans une guerre avec l'Angleterre pour la première; avec l'Allemagne pour la seconde. Dans les deux cas, leurs résolutions ne furent pas à la gloire de notre pays! L'auteur Émile Flourens n'est pas un essayiste quelconque, il fut ministre des Affaires étrangères de 1886 à 1888 et eut à résoudre plusieurs crises diplomatiques dont la plus grave fut l'affaire Schnæbelé, affaire d'espionnage grave.

Émile Flourens écrivait en 1906:

Depuis des années, le ministère au pouvoir, encouragé dans sa triste besogne par l'assentiment inlassable du Parlement, avait travaillé, sans relâche, non à réorganiser mais à désorganiser notre défense nationale, à briser l'unité de notre armée en y inculquant le virus dissolvant de la délation, avec tout le cortège de haines, de vengeances et de rancunes qu'elle entraîne à sa suite, à la démoraliser tranquillement et méthodiquement comme si nous étions seuls au monde, comme si nous n'avions à tenir compte que de nos querelles intérieures et de nos rancunes de partis.
Nos magasins étaient vides, nos arsenaux désapprovisionnés, nos forts d'arrêt tombaient en ruines, nos régiments de couverture étaient émaciés et décimés, un souffle de révolte contre le devoir militaire créait dans nos corps de troupes des foyers d'insubordination et d'indiscipline. Au su et au vu du gouvernement, avec sa tolérance, sinon avouée au moins tacite, l'école, qui doit être l'asile sacré du patriotisme, devenait la chaire où se prêchaient la haine de la patrie, le mépris de l'uniforme et du drapeau.
Pour parer aux premiers dangers, il fallut engloutir des centaines de millions, sans crédits réguliers, dans des préparatifs précipités et trop tardifs néanmoins si, par le brusque renvoi de M. Delcassé, nous n'avions désarmé les premières colères de l'Allemagne, au détriment de notre honneur et de notre prestige vis-à-vis de l'étranger.
Ces incidents, d'une puissance dramatique si poignante, quand on songe qu'il s agit de la vie de tout un peuple, d'un enseignement si cruel, échappent aux vues étroites des électeurs français, habitués à ne considérer que des intérêts de clocher ; ils n'échappent pas à l’œil de l'étranger. Ils lui dévoilent la profondeur de la déchéance morale où est tombé le parlementarisme en France, sous l'effet corrupteur de la candidature officielle, cynique et sans vergogne. L'observateur flegmatique se rend compte que cette faute criminelle où le Parlement français est déjà tombé deux fois, il est prêt à y retomber une troisième, avec la même légèreté, le même aveuglement, la même imprévoyance, dès qu'il plaira à un ministère, obéissant à l'impulsion de l'étranger, de précipiter le pays dans de nouveaux périls de guerre. (...)
Quant à l'opinion publique, elle est devenue, en France, quantité négligeable. La majorité du corps électoral ne pense pas, ne réfléchit pas. Elle se laisse mener, aveuglément par les journaux radicaux et par les journaux socialistes ; or, les journaux radicaux, pourvu qu'on les laisse, en toute liberté, manger du curé, à la grande joie du bourgeois esprit fort, et les journaux socialistes, pourvu qu'on les laisse en paix manger du bourgeois à la grande joie de l'ouvrier, en mal de rêves révolutionnaires, sont satisfaits. Pour ne pas être troublés dans cette lucrative exploitation du gogo, ils entretiennent leur clientèle dans un optimisme béat, lui garantissent la paix perpétuelle, le désarmement général et l'embrassement de tous les peuples dans le paradis du rationalisme universel ou du collectivisme international, suivant les classes et les goûts. Ils encombrent l'entendement populaire de chimères puériles, au point qu'il n'a plus la lucidité nécessaire pour percevoir la réalité des faits et discerner les pièges où les habiles le précipitent.

Toute ressemblance, etc.

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