Il y a plusieurs niveaux d'autorité du Magistère romain et donc plusieurs modalités dans sa réception par le fidèle. Concernant l'enseignement authentique et infaillible (correspondant aux conditions fixées par le concile de Vatican I pour la définition d'un dogme), il est demandé au fidèle l'assentiment de foi.
Pour le deuxième degré d'autorité, c'est à dire au regard de sentences définitives, l'assentiment du croyant doit être ferme et irrévocable. Enfin l'enseignement simplement authentique mais non infaillible appelle la soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence.
Cette vision classique laisse toutefois pendante la difficulté résultant des contradictions apparentes qui ont surgi avec le développement dans le temps de la doctrine catholique.
Pour résoudre ces questions disputées on peut avoir recours à un texte peu connu, mais pourtant d'une grande utilité : le commonitorium de saint Vincent de Lérins. Le saint écrivait ainsi vers 435 :
« Quelqu'un demandera peut-être ici : "Puisque le Canon des Écritures est parfait et qu'il se suffit amplement et surabondamment pour tous les cas, quel besoin y a-t-il d'y joindre l'autorité de l'interprétation de l'Église ?". C'est évidemment que l'Écriture sacrée, en raison simplement de sa profondeur, tous ne l'entendent pas dans un seul et même sens : les mêmes énoncés sont interprétés par l'un d'une façon, par l'autre d'une autre, si bien qu'on a un peu l'impression qu'autant il y a de commentateurs, autant il est possible de découvrir d'opinions. Novatien l'explique d'une façon, Sabellius d'une autre façon ; Donat d'une autre encore (...). Et c'est pourquoi il est bien nécessaire, en présence du si grand nombre de replis d'une erreur aux formes si diverses, que la ligne de l'interprétation des livres prophétiques et apostoliques soit dirigée conformément à la règle du sens ecclésiastique et catholique. Et, dans l'Église catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s'en tenir à ce qui a été cru partout, et toujours, et par tous ; car c'est cela qui est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et l'étymologie du mot lui-même, qui enveloppe l'universalité des choses. Et il en sera finalement ainsi, si nous suivons l'universalité, l'antiquité, le consentement général.
Nous suivrons l'universalité, si nous confessons comme uniquement vraie la foi que confesse l'Église entière répandue par tout l'univers ; l'antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiments manifestement partagés par nos saints aïeux et par nos pères ; le consentement enfin si, dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les docteurs. (…)
Mais peut-être dira-t-on : « N'y aura-t-il alors, dans Église du Christ, aucun progrès de la religion ? certes, il faut qu'il y en ait un, et considérable ! Qui serait assez ennemi de l'humanité, assez hostile à Dieu, pour essayer de s'y opposer ? Mais cela à condition que ce soit vraiment pour la foi un progrès et non un changement, étant donné que ce qui constitue le progrès c'est que chaque chose soit augmentée en restant elle-même, tandis que le changement, c'est que s'y ajoute quelque chose venue d'ailleurs. Donc, que croissent et que progressent largement l'intelligence, la science, la sagesse, tant celle des individus que celle de la collectivité, tant celle d'un seul homme que celle de l'Église tout entière, selon les âges et selon les générations ! — mais à condition que ce soit exactement selon leur nature particulière, c'est-à-dire dans le même dogme, dans le même sens, et dans la même pensée ».
