Le docteur angélique traite dans la "Somme Théologique" IIa-IIae à la question 42 de la problématique de la sédition et de sa nature de péché. Il concluait à propos du régime tyrannique:
Le régime tyrannique n’est pas juste parce qu’il n’est pas ordonné au bien commun, mais au bien privé de celui qui détient le pouvoir, comme le montre Aristote. C’est pourquoi le renversement de ce régime n’est pas une sédition ; si ce n’est peut-être dans le cas où le régime tyrannique serait renversé d’une manière si désordonnée que le peuple qui lui est soumis éprouverait un plus grand dommage du trouble qui s’ensuivrait que du régime tyrannique. C’est davantage le tyran qui est séditieux, lui qui nourrit dans le peuple les discordes et les séditions, afin de pouvoir le dominer plus sûrement. C’est de la tyrannie, puisque c’est ordonné au bien propre du chef, en nuisant au peuple.
On peut en conclure qu'il y a des conditions pour qu'un mouvement de révolte ne tombe lui-même sous l'accusation de sédition qui est pour saint Thomas un péché mortel:
Il est donc manifeste que l’unité à laquelle s’oppose la sédition est l’unité des lois et des intérêts. La sédition s’oppose ainsi à la justice et au bien commun. C’est pourquoi elle est, de sa nature, péché mortel, et d’autant plus grave que le bien commun auquel s’attaque la sédition est plus grand que le bien privé auquel s’attaquait la rixe.
On peut donc considérer cinq conditions pour une insurrection légitime:
Que le gouvernement n'assure plus la sécurité et la liberté indispensable à l'activité économique, culturelle, religieuse des citoyens.
Que les possibilités légales d'un changement pacifique de gouvernement ont été tentées.
Que le projet insurrectionnel tend à une solution orientée vers le bien commun et ait une chance sérieuse de réussite.
Que cette solution semble viable et soit de nature à rassembler une part notable de la nation.
Que les maux inévitables provoqués par le recours momentané à la violence paraissent raisonnablement devoir être moindres que ceux qui résulteraient du support patient des désordres et des injustices présentes.