La particularité de la politique agricole de notre pays, c'est qu'elle est gérée au niveau européen depuis 1962. C'était pendant de nombreuses années la principale politique commune qui concentrait jusqu'à 70% du budget communautaire (environ 40% aujourd'hui). Quel bilan peut-on tirer de cette politique entièrement contraire au principe de subsidiarité, pilier de la doctrine sociale catholique ?
Sans surprise les résultats sont navrants !
Faire un panorama complet du paysage agricole dépasserait les objectifs de ce blog ; mais nous pouvons nous concentrer sur la question du nombre d'exploitations et de leur devenir . Avant d'aborder la partie toujours rébarbative des chiffres, il n'est pas inutile de faire un peu d'histoire. La part de la population rurale est passée en France de 40% au 19e siècle à moins de 10% aujourd'hui. Il est évident que pendant une période assez longue cette diminution a été due à la modification des techniques agricoles d'une part et au besoin de main d’œuvre liée à l'industrialisation. Cette évolution a eu comme conséquence la forte réduction des petites exploitations au profit d'exploitation de taille moyenne. Les agronomes savent par des comparaisons géographiques et chronologiques que le système agricole basé sur des exploitations moyennes travaillées sur un mode familial est sans aucun doute le mode le plus résilient. Les petites exploitations ne dégagent pas assez de revenus pour permettre l'investissement et les grandes exploitations de type latifundiaire conduisent toujours à plus ou moins long terme à une catastrophe ! Il faut toute fois noter que les notions de petite et grande exploitation ne font pas référence à une surface fixe ; celle-ci dépend évidemment des moyens techniques mis en œuvre. Elles sont donc dépendantes des techniques d'exploitation : manuelle ou mécanisée. Mais au-delà de cette différence, les grandes exploitations finissent régulièrement par conduire à une baisse de productivité.
Pour la France d'aujourd'hui on assiste à un phénomène du même type. Le nombre d'exploitations est passé de près d'un million six cent mille en 1970 à moins de quatre cent mille aujourd'hui ; et ce sans révolution technique, mais sous contrainte économique et financière. Soit une baisse de 75% !
Elles étaient encore presque sept cent mille en 2000 ! Ce phénomène de baisse (une moyenne de 3% par an) n'est cependant pas près de s'arrêter. En effet, plus de 50% des chefs d'exploitation ont plus de 55 ans ! De plus une majorité d'entre eux ne savent pas encore comment et à qui transmettre leur ferme au moment (proche!) de la retraite.
La question qui reste pendante : un pays peut-il vivre sans paysans ? La réponse est assurément non ! Il est donc plus que probable que nous nous acheminions vers des crises de pénurie grave. Nous voyons aujourd'hui quel prix il nous faut payer pour l'absence de vision de nos gouvernements successifs pour la politique énergétique du pays ; le même manque de vision à moyen terme produira là encore le même résultat : manque et rationnement.